Propagation accrue des maladies infectieuses due au changement climatique
Le changement climatique est l’un des défis majeurs du XXIe siècle, avec des répercussions considérables sur l’environnement et la santé humaine. Parmi ces effets, l’augmentation de la propagation des maladies infectieuses constitue une préoccupation croissante. En modifiant les températures, les précipitations et l’humidité, le réchauffement climatique crée un environnement favorable à la prolifération de nombreux agents pathogènes et de leurs vecteurs.
Les maladies vectorielles, c’est-à-dire celles transmises par des insectes comme les moustiques et les tiques, sont particulièrement touchées par ces changements. En parallèle, la fonte des glaces et la perturbation des écosystèmes libèrent de nouveaux microbes, exposant ainsi l’humanité à des agents infectieux auparavant inoffensifs ou isolés.
Dans cet article, nous allons explorer comment le changement climatique influence la propagation des maladies, en nous intéressant aux moustiques, aux tiques et à l’émergence de nouvelles épidémies.

L’extension des zones de transmission des maladies
1. L’augmentation des températures favorise la prolifération des vecteurs

Les moustiques et les tiques sont des insectes particulièrement sensibles aux conditions climatiques. Avec l’augmentation des températures moyennes mondiales :
- Leur période d’activité s’allonge, ce qui signifie une transmission accrue des maladies.
- Ils colonisent de nouvelles zones géographiques, notamment en Europe et en Amérique du Nord.
- Leur cycle de reproduction est accéléré, augmentant la population et donc la transmission des virus.
Par exemple, le moustique Aedes albopictus, vecteur de la dengue, du chikungunya et du Zika, s’est installé durablement en Europe du Sud et progresse désormais vers le Nord.
De même, la maladie de Lyme, transmise par les tiques, connaît une explosion de cas en raison de la multiplication de ces arachnides dans des régions autrefois trop froides pour leur survie.
2. Les modifications des précipitations et de l’humidité

Les changements dans les précipitations ont un impact direct sur la propagation des maladies :
- Une hausse des précipitations favorise la stagnation de l’eau, créant des conditions propices à la reproduction des moustiques.
- À l’inverse, dans certaines régions, des saisons sèches plus longues peuvent pousser les insectes à rechercher de nouveaux habitats plus favorables.
Ces fluctuations modifient les schémas de transmission de maladies comme le paludisme, dont l’incidence dépend de la disponibilité d’habitats aquatiques pour les larves de moustiques.
Cas concrets : la dengue et la maladie de Lyme en hausse
1. La dengue en France métropolitaine

Depuis mai 2024, 78 cas autochtones de dengue ont été recensés en France métropolitaine, contre 66 en 2023. Ce chiffre record illustre comment le climat européen devient favorable à l’installation durable de moustiques vecteurs de cette maladie.
Les régions les plus touchées sont le sud de la France, où les températures plus élevées et l’humidité créent un environnement idéal pour la transmission du virus.
Sans une stratégie de lutte efficace, la dengue pourrait bientôt devenir une menace permanente en Europe, comme c’est déjà le cas dans certaines parties de l’Asie et de l’Amérique du Sud.
2. Expansion des tiques et augmentation des cas de maladie de Lyme

La maladie de Lyme, transmise par la tique Ixodes ricinus, connaît une progression alarmante. Les hivers plus doux et les printemps précoces favorisent leur multiplication.
Les facteurs suivants contribuent à cette expansion :
- Des températures plus chaudes permettant aux tiques de survivre toute l’année.
- Une augmentation des populations d’animaux hôtes, comme les cerfs et les rongeurs.
- Une urbanisation croissante, mettant en contact plus de personnes avec ces vecteurs.
En conséquence, le nombre de cas de maladie de Lyme en Europe et en Amérique du Nord est en forte hausse.
Les autres maladies émergentes liées au climat

Au-delà des maladies transmises par les moustiques et les tiques, d’autres infections pourraient émerger avec le réchauffement climatique :
- Le choléra, favorisé par la pollution de l’eau et les inondations.
- Les infections fongiques, avec l’émergence de champignons pathogènes comme Candida auris, qui se développent mieux dans des climats plus chauds.
- La fonte du permafrost, qui pourrait libérer d’anciens virus et bactéries enfermés dans la glace depuis des milliers d’années.
Prévention et solutions face à ces menaces sanitaires

Face à ces défis, il est crucial de mettre en place des stratégies de prévention et de surveillance sanitaire adaptées :
1. Renforcement des mesures de lutte contre les vecteurs
- Utilisation de répulsifs et de moustiquaires.
- Amélioration de la gestion des eaux stagnantes.
- Introduction d’insectes stériles pour contrôler les populations de moustiques.
2. Surveillance accrue et campagnes de vaccination
- Développement de vaccins contre la dengue et le paludisme.
- Mise en place de systèmes d’alerte précoce pour prévenir les épidémies.
- Sensibilisation des populations sur les risques sanitaires liés au climat.
Le changement climatique modifie profondément les dynamiques des maladies infectieuses, augmentant leur propagation à travers le monde. L’expansion des moustiques, des tiques et d’autres agents pathogènes dans de nouvelles zones géographiques représente un défi sanitaire majeur.
Pour limiter les impacts de ces nouvelles menaces, les autorités sanitaires, chercheurs et citoyens doivent travailler ensemble pour mettre en place des solutions efficaces. L’anticipation et la prévention restent les clés pour protéger la santé publique face aux effets du réchauffement climatique.

